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Le système éducatif en Érythrée : structure, défis et perspectives

L’Érythrée, pays de la Corne de l’Afrique, attache une grande importance à l’éducation depuis son indépendance en 1993. Le gouvernement a déployé des efforts considérables pour améliorer l’accès à l’enseignement, réduire l’analphabétisme et développer des institutions éducatives malgré les défis économiques, politiques et logistiques. Ce texte propose un aperçu complet du système éducatif érythréen, ses objectifs, ses obstacles et ses perspectives d’évolution.

1. Structure du système éducatif en Érythrée

Le système éducatif de l’Érythrée est organisé en plusieurs cycles :

  • Préprimaire : non obligatoire, destiné aux enfants de 4 à 6 ans.
  • Primaire : de 6 à 11 ans, durée de 5 ans.
  • Secondaire inférieur : 3 ans (jusqu’à environ 14 ans).
  • Secondaire supérieur : 4e année préparatoire et 12e année obligatoire dans un camp militaire, appelée Sawa.
  • Enseignement supérieur : dispensé dans des universités et collèges techniques.

La particularité du système érythréen réside dans la dernière année de secondaire effectuée dans le camp de Sawa, combinant formation académique et entraînement militaire. Ce modèle vise à former une jeunesse disciplinée, mais soulève des critiques internationales.

2. Alphabétisation et taux de scolarisation

L’Érythrée a fait des progrès en matière d’alphabétisation, en particulier depuis les années 2000. Selon des estimations récentes :

  • Le taux d’alphabétisation des adultes avoisine 76% (avec un écart important entre hommes et femmes).
  • Le taux net de scolarisation primaire est estimé à environ 65% à 70%.
  • Le taux de transition vers le secondaire reste faible, autour de 30% à 40%.

Ces chiffres révèlent une amélioration lente mais progressive. Les efforts pour renforcer l’éducation des filles sont visibles, bien que les mariages précoces et les responsabilités familiales restent des obstacles à la poursuite des études pour de nombreuses jeunes femmes.

3. Langues d’enseignement et diversité culturelle

L’Érythrée est un pays multilingue. Neuf langues nationales sont reconnues, dont le tigrigna, le tigre, l’arabe et l’anglais. Dans le domaine éducatif :

  • Les premières années d’école sont dispensées dans la langue maternelle de l’enfant.
  • L’anglais est la langue d’enseignement à partir du secondaire.

Ce choix reflète la volonté du gouvernement de promouvoir le multilinguisme tout en préparant les élèves à l’intégration dans le monde académique et économique international.

4. Enjeux majeurs du système éducatif érythréen

Malgré les avancées, l’éducation en Érythrée est confrontée à plusieurs défis structurels :

  • Manque d’infrastructures : pénurie de salles de classe, d’écoles rurales, et d’équipements scolaires.
  • Insuffisance de personnel qualifié : de nombreux enseignants ont un niveau de formation limité.
  • Fuite des cerveaux : beaucoup de diplômés quittent le pays en raison du service national à durée indéterminée et du manque d’opportunités.
  • Conditions de scolarisation difficiles : longues distances, faible accès à l’électricité, environnement socioéconomique précaire.

Ces obstacles entravent la qualité et l’accessibilité de l’enseignement, surtout dans les zones rurales et marginalisées.

5. L’éducation technique et professionnelle

Conscient de la nécessité de former une main-d’œuvre qualifiée, le gouvernement érythréen met l’accent sur l’éducation technique et professionnelle. Plusieurs centres ont été ouverts pour former les jeunes dans les domaines suivants :

  • Technologies de l’information
  • Électricité et mécanique
  • Agriculture
  • Construction et génie civil

Ces formations ont pour but de favoriser l’emploi local et de renforcer l’autosuffisance nationale. Cependant, elles nécessitent encore des investissements pour améliorer leur qualité et leur pertinence face aux besoins du marché du travail.

6. Enseignement supérieur en Érythrée

L’enseignement supérieur est dispensé dans quelques institutions majeures :

  • Collège des Sciences et de la Technologie d’Érythrée (EIT)
  • Université d’Asmara (fermée pour restructuration depuis 2006)
  • Collège d’agriculture, Collège d’infirmiers, Collège d’arts et sciences sociales

Le gouvernement a décentralisé les universités afin d’élargir l’accès à l’éducation supérieure. Toutefois, l’encadrement limité, le manque de matériel, l’exode des enseignants et les restrictions politiques entravent la performance de ces institutions.

7. Réformes et partenariats éducatifs

L’Érythrée coopère avec plusieurs partenaires internationaux, comme l’UNESCO, l’UNICEF et l’Union africaine, pour améliorer la qualité de son système éducatif. Les axes de réforme incluent :

  • Formation continue des enseignants
  • Numérisation de l’enseignement
  • Promotion de l’éducation des filles
  • Révision des programmes scolaires

La politique éducative vise à aligner l’enseignement sur les priorités nationales : autosuffisance, unité, discipline et développement technique.

8. Perspectives pour l’avenir

Pour garantir un développement durable, l’Érythrée devra :

  • Augmenter les investissements publics dans l’éducation
  • Assouplir le service national pour permettre la poursuite des études
  • Créer des incitations à la rétention des enseignants et chercheurs
  • Renforcer l’inclusion des minorités linguistiques et des filles

Un système éducatif plus ouvert, moderne et flexible pourrait offrir aux jeunes Érythréens les compétences nécessaires pour participer activement à la croissance économique et au développement social du pays.

Conclusion

L’éducation en Érythrée est en pleine transformation. Si le gouvernement montre une volonté claire d’améliorer l’accès et la qualité de l’enseignement, les obstacles liés à l’économie, aux ressources humaines et au cadre politique doivent être surmontés. Un système éducatif inclusif et performant est essentiel pour l’avenir de l’Érythrée et pour garantir à sa jeunesse un avenir meilleur.