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Histoire de l’Érythrée : des origines à nos jours

L’Érythrée, pays situé dans la Corne de l’Afrique, possède une histoire riche et mouvementée qui s’étend sur plusieurs millénaires. Son nom, dérivé du mot grec pour « Mer Rouge », reflète l’importance géostratégique de cette région côtière. De l’époque antique à la colonisation italienne, de la guerre d’indépendance à la création d’un État moderne, l’histoire de l’Érythrée est marquée par la résilience et la lutte pour l’autodétermination.

1. L’Antiquité : une région carrefour des civilisations

La région qu’occupe l’Érythrée actuelle fut habitée dès la préhistoire. Elle faisait partie des anciens royaumes de la Corne de l’Afrique, notamment celui de Pount, mentionné dans des textes égyptiens. Plus tard, elle intégra l’influence du royaume d’Aksoum (1er siècle – VIIe siècle), dont les vestiges subsistent à Matara et Qohaito. Aksoum contrôlait des routes commerciales majeures reliant l’Afrique, l’Arabie et l’Asie via la Mer Rouge.

Les ports de la côte érythréenne, notamment Adulis, jouaient un rôle clé dans le commerce de l’ivoire, de l’encens et d’autres marchandises. Cette époque marque le début de l’importance stratégique de l’Érythrée sur le plan régional et international.

2. L’époque médiévale : domination étrangère et islamisation côtière

À partir du VIIe siècle, avec l’expansion de l’Islam, les zones côtières de l’Érythrée furent progressivement influencées par la culture arabe. Des comptoirs musulmans se sont établis, facilitant les échanges entre la péninsule arabique et la Corne de l’Afrique.

À l’intérieur des terres, des royaumes chrétiens comme le successeur d’Aksoum restaient influents. Toutefois, aucun État unifié ne contrôlait l’ensemble du territoire érythréen, laissant place à des entités locales et tribales diverses.

3. La colonisation italienne (1890 – 1941)

La période coloniale marque un tournant décisif. En 1890, l’Italie établit la colonie d’Érythrée après des traités avec les chefs locaux et une défaite éthiopienne à Dogali (1887). Asmara devint la capitale coloniale.

Durant cette période, l’Italie investit dans les infrastructures, notamment les routes, les chemins de fer et les bâtiments coloniaux. L’Érythrée devint également une base militaire stratégique, notamment durant l’invasion italienne de l’Éthiopie en 1935.

Cependant, cette colonisation fut aussi marquée par l’exploitation, la ségrégation raciale et l’oppression des populations locales. La Seconde Guerre mondiale mit fin à la domination italienne : en 1941, les troupes britanniques occupèrent l’Érythrée.

4. L’administration britannique et la fédération avec l’Éthiopie (1941 – 1962)

De 1941 à 1952, l’Érythrée fut placée sous administration britannique. Durant cette période, les mouvements nationalistes érythréens commencèrent à émerger, avec des revendications pour l’indépendance ou l’union avec l’Éthiopie selon les groupes.

En 1952, l’ONU décida de fédérer l’Érythrée avec l’Éthiopie, tout en lui garantissant une certaine autonomie. Mais cette autonomie fut progressivement supprimée par l’empereur Hailé Sélassié. En 1962, l’Érythrée fut officiellement annexée comme une province éthiopienne, déclenchant un conflit majeur.

5. La guerre d’indépendance (1961 – 1991)

La guerre d’indépendance de l’Érythrée débuta en 1961, menée d’abord par le Front de Libération de l’Érythrée (FLE), puis par le Front populaire de libération de l’Érythrée (FPLE), plus structuré et marxiste.

Ce conflit sanglant dura 30 ans et fit des dizaines de milliers de morts. L’Érythrée bénéficia d’un large soutien de la diaspora et de certains pays arabes. Malgré la répression sévère de l’armée éthiopienne, les combattants érythréens gagnèrent progressivement du terrain.

En 1991, le FPLE prit le contrôle du pays alors que le régime éthiopien de Mengistu Haile Mariam tombait. En 1993, après un référendum supervisé par l’ONU, l’Érythrée devint officiellement indépendante.

6. L’indépendance et les premières années (1993 – 1998)

L’indépendance de l’Érythrée en 1993 fut un moment d’enthousiasme. Le président Isaias Afwerki, chef du FPLE, devint le premier dirigeant du pays. L’accent fut mis sur la reconstruction, la stabilité et l’autosuffisance nationale.

L’Érythrée établit sa propre monnaie (le nakfa), reconstruisit ses infrastructures et renforça son armée. Le gouvernement prônait une politique de non-alignement et de fermeté face aux pressions extérieures.

7. Le conflit avec l’Éthiopie (1998 – 2000)

En 1998, un différend frontalier autour de la ville de Badmé déclencha une nouvelle guerre entre l’Érythrée et l’Éthiopie. Ce conflit fit plus de 70 000 morts et entraîna une impasse militaire jusqu’en 2000.

Un accord de paix fut signé à Alger en 2000, avec une mission de l’ONU (MINUEE) déployée pour surveiller la frontière. En 2002, une commission internationale donna raison à l’Érythrée sur Badmé, mais l’Éthiopie refusa d’appliquer cette décision.

Cette tension persista pendant deux décennies, plongeant l’Érythrée dans une forme d’isolement international.

8. Évolution récente et rapprochement régional (2018 – aujourd’hui)

En 2018, un tournant majeur eut lieu avec l’arrivée au pouvoir du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, qui signa un accord de paix avec Isaias Afwerki. Cette réconciliation historique mit fin à un état de guerre de facto entre les deux pays.

Depuis, l’Érythrée a cherché à renforcer ses relations avec ses voisins, notamment avec la Somalie et Djibouti. Toutefois, sur le plan intérieur, le pays reste dirigé par un régime autoritaire, sans élections libres ni presse indépendante.

Conclusion

L’histoire de l’Érythrée est celle d’une nation forgée par les luttes, les influences extérieures et le désir d’indépendance. De la période antique à la colonisation italienne, de la guerre d’indépendance aux défis contemporains, l’Érythrée a toujours joué un rôle crucial dans la région de la Corne de l’Afrique. Aujourd’hui encore, son histoire complexe façonne sa politique, son identité nationale et ses aspirations pour l’avenir.