La politique en Érythrée : un régime autoritaire sous surveillance
L’Érythrée, pays situé dans la Corne de l’Afrique, attire depuis plusieurs années l’attention de la communauté internationale en raison de son régime politique jugé hautement autoritaire. Depuis son indépendance de l’Éthiopie en 1993, le pays est dirigé par un seul homme : Isaias Afwerki. Malgré une Constitution adoptée en 1997, l’Érythrée reste aujourd’hui l’un des pays les plus fermés du monde sur le plan politique.
Un État à parti unique : le Front populaire pour la démocratie et la justice (FPDJ)
La vie politique en Érythrée est dominée par un seul parti : le Front populaire pour la démocratie et la justice (FPDJ), l’ancien mouvement de libération devenu parti unique. Aucun autre parti n’est autorisé, et toute tentative d’opposition est rapidement réprimée.
Le FPDJ contrôle non seulement l’appareil d’État, mais aussi les médias, les syndicats, les organisations de jeunesse et les structures sociales. Cette domination absolue fait de l’Érythrée un État totalitaire où la dissidence n’a pas sa place.
Le président Isaias Afwerki : un pouvoir sans partage
Depuis l’indépendance, le pays est dirigé par le président Isaias Afwerki, fondateur du FPDJ et ancien chef de la guérilla indépendantiste. Il est à la tête de l’État sans interruption depuis 1993, sans élections présidentielles ou législatives.
Son gouvernement n’autorise aucune contestation, et toute critique est perçue comme une menace à la sécurité nationale. Isaias Afwerki concentre entre ses mains le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire, rendant impossible toute séparation des pouvoirs.
Aucune élection nationale depuis l’indépendance
Malgré l’adoption d’une Constitution en 1997, celle-ci n’a jamais été mise en œuvre. L’Érythrée n’a connu aucune élection présidentielle ou législative depuis son accession à l’indépendance.
Des élections locales sont parfois organisées, mais elles restent étroitement contrôlées par le FPDJ. Les Érythréens n’ont donc aucun moyen démocratique d’exprimer leur volonté politique ou de changer de dirigeants.
Un appareil sécuritaire omniprésent
Le pouvoir en Érythrée repose en grande partie sur un appareil sécuritaire tentaculaire. L’armée, les services de renseignement et la police sont utilisés pour surveiller la population, contrôler les mouvements et réprimer toute forme de dissidence.
Le service militaire obligatoire, d’une durée indéterminée, est l’un des piliers du contrôle gouvernemental. De nombreux jeunes Érythréens sont enrôlés pour des années, sans perspective de libération. Ce système a été comparé par certaines ONG à du travail forcé.
Libertés publiques et droits humains gravement restreints
L’Érythrée est régulièrement classée parmi les derniers pays au monde en matière de liberté de la presse, de liberté d’expression et de droits humains. Selon Reporters Sans Frontières, le pays est un véritable trou noir de l’information.
Tous les médias sont contrôlés par l’État. Les journalistes indépendants ont été arrêtés en masse en 2001 et beaucoup sont portés disparus depuis. L’accès à Internet est très limité, et les réseaux sociaux sont surveillés.
Les ONG internationales, les partis politiques étrangers, et les observateurs indépendants sont interdits d’accès ou étroitement contrôlés. Les droits de rassemblement, de manifestation et d’association sont inexistants.
Opposition politique et exil
Face à l’absence de libertés, l’opposition politique en Érythrée est principalement constituée de groupes en exil. Plusieurs mouvements d’opposition opèrent depuis l’Europe, les États-Unis ou l’Éthiopie, mais ils n’ont pas la possibilité d’agir à l’intérieur du pays.
De nombreux Érythréens, notamment les jeunes, choisissent de fuir le pays pour échapper à la répression et au service militaire à durée indéterminée. L’Érythrée est ainsi l’un des principaux pays d’origine des demandeurs d’asile en Europe.
Politique étrangère : isolement et tensions
Sur le plan international, l’Érythrée a longtemps été isolée diplomatiquement, notamment à cause de son implication dans des conflits régionaux. Le pays a été sanctionné par l’ONU pour son soutien présumé à des groupes armés en Somalie, bien que ces sanctions aient été levées en 2018.
La paix signée avec l’Éthiopie en 2018 a marqué un tournant diplomatique, mais n’a pas entraîné d’ouverture politique interne. L’Érythrée continue de maintenir une posture souverainiste et méfiante à l’égard des puissances étrangères.
Réformes politiques : entre stagnation et espoirs déçus
De nombreux observateurs espéraient que la fin du conflit avec l’Éthiopie marquerait le début d’une libéralisation politique en Érythrée. Toutefois, aucune réforme significative n’a été mise en œuvre depuis la signature de l’accord de paix.
Le président Afwerki continue de rejeter toute idée de multipartisme ou d’élections libres. Les prisonniers politiques restent enfermés sans procès, et les réformes constitutionnelles sont au point mort.
Conclusion : un régime verrouillé, mais sous pression
La situation politique en Érythrée demeure extrêmement fermée, marquée par un autoritarisme rigide, l’absence d’élections et la répression systématique des droits humains. Le pouvoir est concentré entre les mains du président Isaias Afwerki, qui gouverne sans partage depuis plus de trois décennies.
Malgré l’isolement du régime, les appels à la réforme se multiplient, tant au niveau national qu’international. La diaspora, les ONG et les institutions internationales continuent de demander une ouverture démocratique, mais jusqu’à présent, ces espoirs restent largement ignorés par les autorités érythréennes.
Comprendre la politique en Érythrée, c’est saisir la complexité d’un État façonné par la guerre, obsédé par la souveraineté, et profondément méfiant envers toute forme d’opposition. Un défi pour les droits humains, mais aussi une situation à suivre de près pour l’avenir de la Corne de l’Afrique.
 
                         
                 
                 
                