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Les religions pratiquées en Érythrée : diversité, traditions et restrictions

L’Érythrée, située dans la Corne de l’Afrique, est un pays riche d’une diversité religieuse remarquable. Deux grandes religions dominent : le christianisme et l’islam. Ces deux confessions représentent ensemble la quasi-totalité de la population, estimée à environ 3,6 millions d’habitants. Cependant, malgré cette richesse spirituelle, la liberté religieuse en Érythrée est fortement limitée par le régime politique autoritaire en place.

Une population partagée entre christianisme et islam

La répartition religieuse en Érythrée est relativement équilibrée : environ 50 % des Érythréens sont chrétiens, principalement orthodoxes, tandis que l’autre moitié pratique l’islam sunnite. Cette dualité reflète l’histoire du pays, situé à la croisée de l’Afrique chrétienne et du monde musulman.

Le nord et l’ouest du pays sont majoritairement musulmans, tandis que le centre et le sud-est sont plutôt chrétiens. Les deux communautés coexistent depuis des siècles, bien que les relations soient parfois tendues en raison de facteurs politiques plutôt que religieux.

Le christianisme en Érythrée : une tradition ancienne

Le christianisme est implanté en Érythrée depuis l’Antiquité. La forme la plus répandue est le christianisme orthodoxe, en particulier l’Église orthodoxe érythréenne Tewahedo, qui s’est séparée de l’Église orthodoxe éthiopienne après l’indépendance du pays en 1993.

L’Église orthodoxe joue un rôle important dans la culture et les traditions érythréennes. Elle célèbre ses propres fêtes, suit un calendrier liturgique spécifique et pratique des rituels très anciens, comme les longues périodes de jeûne.

Outre l’Église orthodoxe, il existe également une présence catholique et protestante dans certaines régions, bien que ces confessions soient minoritaires et parfois marginalisées.

L’islam sunnite : une présence historique et stable

L’islam sunnite est également profondément enraciné en Érythrée. Les premiers contacts avec l’islam remontent au VIIe siècle, lorsque des musulmans fuyant la persécution à La Mecque trouvèrent refuge dans la région de la mer Rouge, notamment en Érythrée et en Éthiopie.

Les musulmans érythréens suivent principalement la tradition sunnite, avec une forte influence des écoles juridiques hanafite et chaféite. Les mosquées sont répandues dans les régions occidentales et côtières, et l’appel à la prière rythme la vie quotidienne dans ces zones.

Les fêtes musulmanes telles que l’Aïd al-Fitr et l’Aïd al-Adha sont largement célébrées, avec un profond respect des traditions religieuses et sociales.

Religions minoritaires et mouvements non reconnus

En dehors des grandes religions officiellement reconnues, il existe en Érythrée des minorités religieuses, souvent persécutées. Parmi elles, on trouve certains groupes protestants évangéliques, les témoins de Jéhovah et les bahaïs.

Ces confessions ne sont pas reconnues par l’État, ce qui signifie que leurs fidèles peuvent être arrêtés, emprisonnés, voire torturés pour leurs croyances. Les témoins de Jéhovah, par exemple, sont régulièrement emprisonnés pour avoir refusé le service militaire obligatoire pour des raisons religieuses.

La politique religieuse de l’État : contrôle et répression

Le gouvernement érythréen autorise uniquement quatre religions officielles : l’Église orthodoxe érythréenne, l’Église catholique, l’Église évangélique luthérienne et l’islam sunnite. Toute autre organisation religieuse est considérée comme illégale.

Les groupes religieux doivent s’enregistrer auprès du gouvernement, fournir les noms de leurs membres et se soumettre à une surveillance stricte. Le culte non autorisé, même en privé, peut entraîner l’arrestation.

La liberté de religion est donc sévèrement restreinte. Amnesty International et Human Rights Watch dénoncent régulièrement les persécutions religieuses en Érythrée, qui touchent particulièrement les protestants évangéliques.

Conséquences de la répression religieuse

La répression religieuse en Érythrée a provoqué un exode important vers les pays voisins et vers l’Europe. De nombreux croyants cherchent à fuir les persécutions pour pratiquer leur foi librement. Le pays figure régulièrement sur les listes des pires États en matière de liberté religieuse.

Les prisonniers religieux sont souvent détenus dans des conditions inhumaines, notamment dans des conteneurs métalliques ou des centres de détention souterrains. Des témoignages font état de tortures physiques et psychologiques, simplement pour avoir prié en dehors des cadres autorisés.

Espoirs de réforme et situation actuelle

Malgré les appels internationaux à la réforme, le régime d’Isaias Afwerki continue de maintenir un contrôle strict sur la vie religieuse. L’accord de paix signé avec l’Éthiopie en 2018 a suscité l’espoir d’une ouverture politique, mais cela ne s’est pas traduit par une amélioration de la liberté religieuse.

Les groupes de défense des droits humains continuent de plaider pour la libération des prisonniers religieux et la reconnaissance de la liberté de culte, garantie par la Constitution de 1997 mais jamais mise en œuvre.

Conclusion : entre richesse spirituelle et répression étatique

La religion en Érythrée est un élément fondamental de l’identité nationale. Le christianisme orthodoxe et l’islam sunnite façonnent depuis des siècles la culture, les traditions et la vie quotidienne des Érythréens.

Mais cette richesse spirituelle est fortement entravée par une politique d’État répressive, qui ne reconnaît qu’un nombre limité de confessions et persécute les croyants des mouvements non autorisés. Le combat pour la liberté religieuse en Érythrée reste un enjeu majeur pour les droits humains et la dignité des personnes croyantes.

Pour qu’un véritable pluralisme religieux puisse émerger en Érythrée, il faudra une transformation politique en profondeur, respectueuse de la diversité spirituelle et des libertés fondamentales garanties par les textes internationaux.